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La prise en charge des affections de longue durée.

Ce petit article illustre bien le débat actuel qui traverse les professions médicales sur la prise en charge des ALD. Certains semblent avoir épousé la thèse gouvernementale et présidentielle qui cherche à responsabiliser ( culpabiliser ) les malades de leur affections.... avec en ligne de mire, vous l’aurez compris, la baisse de la couverture solidaire au profit des assurances privées.

 Ci-dessous deux articles parus sur le site RUE 89 qui résument assez bien la situation. Le premier donne des indications sur le velleités de Roselyne Bachelot en matière de remboursement du diabète.

 Le second reprend la réponse de Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques (AFD), et Patrick Vexiau, secrétaire général de l’association et chef du service de diabétologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris.



Les diabétiques coûtent cher.

 Pour l’heure, dix milliards d’euros par an. Mais les projections montrent que la facture du diabète grimpera à vingt milliards d’euros par an dès 2015. Faut-il les assurer à la baisse dans la mesure où l’impact du comportement et de l’hygiène de vie est importante sur cette pathologie ?

 C’est un médecin généraliste, internaute de Rue89, qui ouvre le débat. Parce qu’aux yeux de l’Assurance maladie, le diabète peut donner accès à ce qu’on appelle une prise en charge en "ALD", ou "affection de longue durée", ce praticien s’interroge sur le bien-fondé de cette couverture, qui implique une prise en charge par la Sécurité sociale à 100% des dépenses de santé liées à la pathologie.

Au total, un diabétique sur quatre est en ALD aujourd’hui. Sachant que l’ALD représente 60% des dépenses de santé. Le médecin riverain de Rue89 s’interroge :

"Pourquoi quelqu’un qui a mangé et picolé toute sa vie sans faire attention serait mieux pris en charge que des patients atteints d’arthrose qui, eux, ne sont pas à 100% ?"

 En fait, il y a deux types de diabète. C’est au diabète de type 2 que ce médecin fait référence, qu’on appelle "diabète gras" et qui concerne des adultes, "souvent de pléthoriques bons vivants peu soucieux d’une hygiène de vie minimum pendant une bonne partie de leur vie", poursuit ce praticien internaute.

Le 19 février dernier, sur Canal+, Roselyne Bachelot-Narquin, la ministre de la Santé, a tiré dans la même direction, déclarant :

"Les affections de longue durée regroupent des maladies très diverses. Des maladies très graves, comme le cancer, le sida, alzheimer… et des maladies moins graves comme le diabète ou l’hypertension."

Les premiers signes avant-coureurs d’une évolution à la baisse de la prise en charge de certains diabètiques ? C’est ce que dénoncent en tous cas les associations, qui estiment les propos de la ministre "médicalement aberrants".

Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques, est outré de voir qu’on hiérarchise les pathologies donnant accès à l’ALD. A ses yeux, les propos de Roselyne Bachelot-Narquin sont "culpabilisants" alors que c’est en termes de prévention qu’il faut doper le message :

Pour l’association de malades, qui compte 130 000 adhérents, les diabétiques seraient dans le collimateur des pouvoirs publics depuis deux ans et la création de la Haute autorité de Santé, "qui multiplie les recommandations contre la prise en charge du diabète".

Lorsque l’on consulte le site de l’HAS, on trouve en effet un certain nombre de pistes de réflexion qui montrent que l’Autorité n’excluerait pas complètement que le diabète de type 2 sorte de la liste des pathologies qui donnent accès à l’ALD. Un préambule à une réforme en profondeur pilotée par le ministère ?

Du côté du cabinet de Roselyne Bachelot-Narquin, on cherche pour l’heure à temporiser, depuis l’intervention de la ministre sur Canal+ :

"Nous n’en sommes qu’au stade d’une réflexion globale sur les affections longue durée, dont le diabète. Mais pour l’instant il n’est pas question de supprimer la prise en charge à 100% des diabétiques. Cette réforme de l’ALD interviendrait au plus tôt au premier semestre 2009."


Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques (AFD), et Patrick Vexiau, secrétaire général de l’association et chef du service de diabétologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris a fait paraitre cette tribune en réaction au débat ouvert sur la prise en charge du diabète.

Un médecin internaute de Rue89 déclarait, au sujet de la prise en charge des diabétiques par la sécurité sociale :

"Pourquoi quelqu’un qui a mangé et picolé toute sa vie sans faire attention serait mieux pris en charge que des patients atteints d’arthrose qui, eux, ne sont pas à 100% ?"

 Ces propos traduisent une ignorance scientifique étonnante de la part d’un médecin. Le diabète est en effet une maladie favorisée par la société d’abondance et par la sédentarité liée à l’urbanisation.

Le surpoids et l’obésité touchent plus de 40% de la population adulte française. Certains ont la malchance d’avoir les mauvais gênes et parmi ces 40% de personnes, 10% développeront le diabète. On ne choisit pas ses gènes !

Considérer que ces phénomènes sont de la seule responsabilité des individus caractérise un esprit profondément réactionnaire et de plus médicalement aberrant quand toutes les études épidémiologiques prouvent le contraire.

Sida, choléra, imprudence

 Nier que la société contemporaine puisse jouer un rôle dans le déclenchement des maladies, c’est considérer que tous les séropositifs sont responsables de leur contamination si elle est sexuelle, que tous les accidentés du travail sont des imprudents ou encore que toutes les victimes du choléra n’avaient qu’à mieux se laver les mains !

 Ce docteur sait-il que le diabète progresse d’une façon considérable dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique ou en Amérique du Sud, du fait de l’urbanisation massive et où on estime que le nombre de diabétiques doublera dans les vingt prochaines années ? Ce médecin peut-il affirmer que c’est parce qu’ils mangent trop ?

 La plateforme de lutte contre l’obésité infantile, initiée par l’UFC Que Choisir et soutenue, notamment, par l’AFD, a mis en avant l’importance de la publicité et de la composition des aliments de l’industrie agro-alimentaire dans la progression du surpoids et de l’obésité chez les enfants.

Ces "petits gros" qui, si rien n’est fait, seront malheureusement les diabétiques de demain, seraient donc les futurs responsables du déficit de la sécurité sociale ?

Propos stupides et injurieux

 Les 3 millions de diabétiques français et les 246 autres millions dans le monde, en ont assez d’entendre de tels propos stupides et injurieux. Le diabète ne se guérit pas, il s’impose tous les jours, toute la vie. 80% du traitement est assuré par le patient lui-même.

 On peut mourir des complications du diabète : amputations, cécité, maladies cardio-vasculaires, celles-ci peuvent être très graves. On peut les éviter, en retarder la venue, par une prise en charge précoce, un bon suivi du traitement et une bonne hygiène de vie.

 Est-ce en culpabilisant les malades et en les faisant "payer", qu’on les incitera à mieux se soigner ? Contre toutes les prétendues autorités savantes, arrogantes et méprisantes, qui heureusement représentent une minorité, les malades, responsables en permanence de leur santé, refusent en plus d’être coupables.

Article publié le 1er avril 2008.


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