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Les douaniers agacés de jouer aux policiers dans les îles grecques

Drôle de mission pour les douaniers français. On les croyait dans les ports et les aéroports à œuvrer contre la fraude et les trafics internationaux, et les voilà en train de boucler leur valise pour la Grèce. La direction générale des douanes leur propose en effet de devenir « escorteurs » durant quelques mois, c’est-à-dire d’être préposés à « l’escorte d’étrangers en situation irrégulière au départ de la mer Egée à destination de la Turquie », précise une note interne à l’administration, en date du 1er avril.

Cette lettre adressée par la direction générale des douanes demande à des agents dépendant de Bercy de faire le même travail que les 170 CRS déjà en mission à Chios ou Lesbos : faire appliquer le traité signé le 26 mars par la Turquie et l’Union européenne (UE), qui acte le renvoi hors d’Europe des exilés arrivés illégalement. Pour postuler, il suffit au douanier de « posséder un niveau en langue anglaise suffisant pour pouvoir évoluer dans un contexte international » et de ne pas rechigner à « exécuter des gestes professionnels coercitifs », comme l’« immobilisation » et le « menottage ».

Arrivée à ce paragraphe de la note, la secrétaire générale du syndicat CGT des douanes, Manuela Dona, s’est franchement agacée. Elle a fait savoir illico à sa direction que « les douaniers français ne sont pas les variables d’ajustement des politiques d’austérité imposées par l’UE au gouvernement grec ». D’autant que, pour Mme Dona, « cette opération n’est pas vraiment une mission douanière », vu qu’elle ressemble fort à une mission policière…
Un jeu de menottes suffira

Sensible à ce dernier argument, la direction a amendé son premier courrier et proposé d’alléger l’équipement du douanier français en mission dans les îles. Ne seront donc plus nécessaires ni le « bâton télescopique de protection » ni la « bombe incapacitante ». Un jeu de menottes suffira puisque, comme le stipule le courrier, « la mission de reconduite des migrants en Turquie revêt une dimension humaine importante ».

Pour ceux qui en douteraient encore, la missive déploie un argument d’un autre genre. Ainsi, les volontaires « participants à l’opération de soutien seront indemnisés à hauteur de 82 euros par jour afin de couvrir les frais de bouche, et de 140 euros maximum par nuitée »… De quoi faire ajouter un supplément de feta sur sa salade grecque.
Dès le lendemain de la signature de l’accord UE-Turquie, la France avait promis d’envoyer 300 agents pour aider à son application. Sa mise en œuvre en nécessite 4 000, selon la Commission européenne.

Article publié dans le journal Le Monde surhttp://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/16/les-douaniers-agaces-de-jouer-aux-policiers-dans-les-iles-grecques_4903370_3224.html

Article publié le 21 avril 2016.


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