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Mille milliards de dollards : C’est le montant des dividendes versés en 2016 pour les 1200 plus grandes entreprises du monde.

Mille milliards de dollars ! Il ne s’agit pas seulement du titre d’un film, sans doute le premier sur la mondialisation des entreprises réalisé par Henri Verneuil en 1982. C’est le montant des dividendes versés en 2016 à leurs actionnaires par les 1 200 plus grandes entreprises de la planète, cotées en Bourse. Ce chiffre mirobolant résulte d’une enquête annuelle réalisée par Henderson Global Investors (HGI), un important gestionnaire de fonds britannique.

Globalement, c’est business as usual par rapport à 2015, puisque cette somme n’a augmenté que de 0,1 %. En Australie ou au Royaume-Uni, les actionnaires ont même vu la masse globale de leurs dividendes baisser de 10,1 % et 3,5 %. A Londres, le Brexit explique cette soudaine modération : la chute de la livre a coûté à elle seule 7 milliards de dollars aux actionnaires britanniques…

Grosses banques.
Mais, surprise, dans ce contexte de modération relative, les actionnaires des grandes entreprises françaises ont été à la fête : l’an dernier, ils se sont partagés pour 54,3 milliards de dollars (environ 51,4 milliards d’euros) de dividendes, soit un bond de 11,8 % par rapport à ce qu’ils avaient empoché en 2015. Champion toutes catégories de la générosité envers les actionnaires, le laboratoire pharmaceutique Sanofi (6,6 milliards d’euros de dividendes), le pétrolier Total (5,9 milliards) et le groupe de médias Vivendi (5,5 milliards). Ce trio de tête est suivi par les grosses banques comme BNP et Société générale, dont les très bons résultats, en 2016, leur ont permis de particulièrement choyer leurs actionnaires, mis à la diète après la crise financière de 2008.

S’ils font le bonheur de ceux qui les reçoivent, les dividendes sont autant de deniers qui ne vont pas à l’outil industriel… et encore moins aux salariés quand ils ne sont pas eux-mêmes actionnaires. « La distribution de dividendes est utilisée par les conseils d’administration comme un instrument de communication financière pour montrer que l’entreprise est forte même si son cours de Bourse est en baisse », décrypte Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest. Cette société de conseil aux investisseurs institutionnels bouscule régulièrement le microcosme financier, en s’intéressant notamment aux grasses rémunérations des dirigeants du CAC 40… En clair, le versement d’un coquet dividende est le meilleur moyen d’éviter qu’un actionnaire, a fortiori un fonds d’investissement, quitte le navire pour investir dans une autre entreprise. Ce genre de mouvement est alors mécaniquement sanctionné par une baisse du cours de Bourse.

Le problème, c’est que cette politique de distribution des bénéfices aux actionnaires se décide parfois au détriment des investissements. « Des dividendes en hausse, alors que les bénéfices sont en baisse aboutissent généralement à un sous-investissement. Total a maintenu son dividende à 2,44 euros par action alors que son résultat net est passé de 13 à 5 milliards », détaille Loïc Dessaint.

Etat actionnaire.
L’an dernier, Proxinvest a examiné le montant des distributions de bénéfices dans les 300 plus grandes entreprises françaises. Une fois sur quatre, le cabinet a émis un avis négatif en estimant qu’ils étaient trop élevés. « Si les entreprises françaises distribuent une part trop importante de leurs bénéfices et se retrouvent en sous-investissement que l’on n’aille pas pleurer, ensuite, lorsqu’elles sont rachetées », met en garde Loïc Dessaint. D’autant que pour fidéliser leurs actionnaires, certains groupes vont plus loin en s’engageant à distribuer de juteux dividendes pour l’avenir. Le conglomérat énergétique Engie s’est d’ores et déjà engagé sur le versement d’un dividende de 70 centimes par titre en 2017 et 2018.

A l’opposé, les entreprises les plus chiches sont, la plupart du temps, celles dont le capital est contrôlé par une famille. Elles préfèrent laisser les résultats en caisse pour investir ou donner plus de valeur à leur outil de travail. Leur gain n’en sera que plus grand en cas de revente.

Reste le cas de l’Etat actionnaire : en 2016, il a perçu pour 3,9 milliards d’euros de dividendes de la part des entreprises dont il détient une part du capital. Lorsqu’il est actionnaire majoritaire, la tentation est grande pour l’Etat de réclamer un dividende élevé. Notamment pour boucler les fins de mois d’un budget déficitaire. En présentant son rapport sur l’Etat actionnaire, le mois dernier, le président de la Cour des comptes, Didier Migaud relevait qu’en 2015 EDF a dû s’endetter pour verser à l’Etat des dividendes. La puissance publique serait-elle aussi gourmande que les plus spéculatifs des fonds d’investissement ?

Article publié le 12 mars 2017.


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