vous êtes ici : accueil > Actualités

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

Interview Darmanin : tous dans le bus !

Entretien du Ministre à Ouest france :

Dans un entretien exclusif accordé à Ouest-France, le ministre de l’action et des comptes publics annonce un plan pour remettre des agents du trésor en milieu rural et dans les quartiers, d’ici fin 2019. Gérald Darmanin confirme par ailleurs que le projet de taxe sur les poids lourds devrait être abandonné. Et qu’il est résolument « opposé à toute forme de nouvelle taxe ».

Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes Publics, a conçu un plan
pour remettre des agents du trésor en milieu rural et dans les quartiers. Il prévoit la création de 400 nouveaux « points de contacts », le transfert d’une partie des services des Finances publiques de l’Ile-de-France et des grandes villes vers les territoires, et le recours au télétravail pour certains fonctionnaires. Cette réorganisation, qui sera négociée à partir de janvier, interviendrait d’ici fin 2019. Sans création de postes, ni nouvelles taxes, auxquelles le ministre est résolument opposé. Entretien exclusif.

Vous voulez remettre des agents des finances publiques « sur le terrain ». Pourquoi ?

Parce qu’on ne peut plus continuer à supprimer des lieux de services publics. Il faut proposer des façons nouvelles, innovantes, d’être proches des habitants. Mes prédécesseurs ont fermé près de 1 200 trésoreries en 10 ans. J’ai décidé, cette année à la demande du Président de la République, de ne plus en fermer en milieu rural. J’en ai sauvé 79. Nous voulons remettre des services publics auprès des territoires ruraux et des quartiers difficiles.

Comment ?

La suppression de la taxe d’habitation et l’instauration du prélèvement à la source vont réduire considérablement les demandes à nos guichets. Rien que la taxe d’habitation, c’est 30 % de toutes les réclamations. On va aussi simplifier les actes des collectivités locales, en expérimentant dès l’année prochaine l’agence comptable pour alléger le contrôle de l’État sur leur comptabilité, et le compte financier unique qui fusionnera les comptes administratifs et de gestion. Par ailleurs, nous voulons mettre fin au paiement en espèces dans les centres des finances publiques.
« Nous voulons mettre fin au paiement en espèces »

On ne pourra plus payer en liquide ?

Si, mais plus dans nos centres : on pourra continuer à le faire dans d’autres réseaux de plus grande proximité. Je voudrais que La Poste et les buralistes, par exemple, qui vendent des timbres fiscaux, puissent prendre ces paiements s’ils répondent aux appels d’offres que nous lançons et s’ils satisfont aux conditions fixées par l’État. Les paiements en liquide représentent près d’un million de manipulations dans les trésoreries, portent souvent sur de très petites sommes et nous prennent beaucoup de temps. Gagner du temps sur les réclamations, les paiements en espèces et les services aux collectivités nous permettra d’en passer plus au service des usagers.

Sous quelles formes ?

Nous voulons augmenter de 30 % les points de contacts avec la population et les collectivités locales. C’est très important et c’est une révolution positive pour les territoires.

« Nous allons lancer des bus Trésor Public »

Des « points de contacts » ? C’est-à-dire ?

Il n’est pas question de rouvrir ou de construire des bâtiments, mais d’instaurer de nouvelles permanences. Notre objectif est d’en créer à peu près 400, sur l’ensemble du territoire. Au lieu de venir à Angers ou à Rennes, faire la queue pendant plusieurs dizaines de minutes derrière un hygiaphone et s’entendre dire que le spécialiste qui pourrait vous répondre n’est pas là aujourd’hui, ce spécialiste pourra par exemple se rendre dans un village proche de chez vous, pour vous recevoir sur rendez-vous.

Où précisément ?

Dans des mairies, des maisons de services aux publics… voire dans des bus du Trésor public que nous allons lancer l’année prochaine.

Des bus ?

Oui. Façon bibliobus, comme dans le village où j’ai passé une partie de ma jeunesse dans le Nord. Nous pensons en lancer une quinzaine, répartis dans les territoires les plus ruraux pour aller au contact des usagers aux moments les plus cruciaux, tels que la déclaration de revenus au printemps.
« Nous réimplanterons une partie de nos services »

Vous allez recruter ?

Non. Nous allons réorganiser totalement la géographie des services publics en les déconcentrant. Nous voudrions réimplanter une partie de nos services de l’Ile-de-France et des métropoles vers les territoires. Nous voulons un service public plus souple, qui va plus dans les villes et les villages de France.

Comment ?

En étant à disposition par des permanences décentralisées comme je l’ai déjà évoqué, et en distinguant l’accueil du public pour le contact avec les gens des services administratifs pour le traitement des dossiers. Ce traitement peut davantage se faire par le développement du télétravail pour les agents des finances publiques. Une partie de nos activités sont intégralement numériques, et beaucoup de nos agents qui travaillent dans les grandes villes vivent dans des communes en périphérie. S’ils ne sont pas en contact physique avec le public et qu’ils sont d’accord pour travailler de chez eux, nous leur donnerons cette possibilité. Nous avons fait un gros travail en ce sens dans sept départements, en ayant recours à des espaces de travail partagés dans des villes. Par ailleurs, nous accompagnerons l’installation de ceux qui seront volontaires pour déménager, et aucun agent ne sera forcé à partir. En proposant aux agents des postes dans des territoires où la vie est moins chère, où la circulation est moins dense, nous contribuons également à l’amélioration de leur qualité de vie. Tout cela sera à négocier avec nos syndicats et les gens, à partir de janvier. « Les gilets jaunes demandent à être dépannés »

Rendre l’État plus proche, c’est votre réponse aux gilets jaunes ?

Cela fait un an que j’y travaille. Mais pourquoi met-on un gilet jaune ? Pour se signaler parce qu’on est accidenté de la vie, de la mondialisation, de la France dite périphérique. Les personnes qui manifestent se sont mises sur le bas-côté pour qu’on envoie la dépanneuse, pas pour qu’on passe en klaxonnant. Pour répondre à ces attentes parfois contradictoires qui demandent moins d’impôts et plus de dépenses, nous devons être à l’écoute. Nous devons offrir plus de proximités et pour cela, il faut réformer courageusement.

Vous ne craignez pas que la mise en place du prélèvement à la source accentue la grogne ambiante ?

Nous sommes prêts. Cela va simplifier la vie des Français et améliorer leur trésorerie chaque mois. Il y aura certainement ici ou là quelques difficultés techniques. Mais elles seront beaucoup moins nombreuses qu’avec l’impôt « à la papa » d’aujourd’hui. L’an dernier, nous avons eu 3 millions de réclamations. Sur ce total, 2,3 millions relevaient d’erreurs faites par les contribuables. Le 2 janvier, comme beaucoup d’agents des services publics, je ne serai pas en vacances mais dans un centre d’appel d’Angers pour répondre aux questions.
« Je suis opposé à toute forme de nouvelle taxe »

La taxe sur les poids lourds ne sera pas mise en place au mois de janvier. C’est un report ou un abandon ?

La décision n’est pas prise pour le moment mais je suis opposé à toute forme de nouvelle taxe. Que cela concerne les ménages ou les entreprises.

Cette taxe qui devait rapporter 500 millions était affectée à des travaux routiers.

Comment les financerez-vous ?

Nous l’avons fait et continuerons à faire des choix pour financer ces travaux routiers, procéder à des arbitrages comme on le fait dans un ménage ou dans une entreprise. Nous sommes le champion européen des dépenses publiques et des impôts. Si la France devait aller mieux avec plus de taxes, ça se saurait. Il y a de la bonne et de la mauvaise dépense publique. Et il y a parfois des choix difficiles à faire. Nous avons diminué les dépenses dans le logement et ça m’a été reproché. Nous avons réduit les dépenses des contrats aidés de 1,5 milliard d’euros.

Mais parallèlement, nous améliorons d’1 milliard d’euros les crédits du ministère des Transports et de l’Écologie, nous augmentons les crédits destinés à former les demandeurs d’emploi avec le plan d’investissement dans les compétences, nous augmentons les crédits en faveur de nos armées d’1,7 milliards d’euros et ceux du ministère de l’Intérieur de 500 millions d’euros, notamment pour remettre des policiers sur le terrain.

Le déficit commercial de la France serait sous-estimé révèle Le Canard enchaîné de cette semaine qui s’appuie sur une note confidentielle des Douanes.

Je démens. Il n’y a pas de sous-estimation du déficit commercial français. Les douanes ont eu l’occasion de répondre clairement aux interrogations.

Article publié le 30 novembre 2018.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.